- trogne
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• 1580; trongne 1458; « forme, apparence » fin XIVe; gaul. °trugna♦ Fam. Visage grotesque ou plaisant, et spécialt Figure rubiconde d'un gros mangeur, d'un buveur. « sa trogne enluminée par le soleil et par le vin » (Gautier).trognen. f. Fam. Visage plein et rubicond révélant le goût de la bonne chère.I.⇒TROGNE1, subst. fém.I. — Fam. Visage grotesque ou comique; en partic., visage plein et rubicond qui révèle l'amour de la bonne chère et du vin. Trogne plaisante; trogne enluminée, rouge, violacée; avoir une drôle de trogne. Les trognes des vieux paysans gaillardement rougies par le vin (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 289). Un gros homme, encore vert, une bonne trogne lorraine bien nourrie, ayant dans tous ses gestes la décision de l'homme bien posé (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 42).— Trogne de + subst. Trogne d'assassin, de concierge. L'homme débonnaire et mastoc, une trogne de charpentier bon enfant et soûl (HUYSMANS, Sœurs Vatard, 1879, p. 301).— Faire fière trogne. Les tueurs de mon père, les dévastateurs de la maison, Qu'ils étaient braves sur leur trône et qu'ils y faisaient fière trogne! (CLAUDEL, Choéphores, 1920, p. 942).II. — ICHTYOL. Synon. de prêtre (v. ce mot II C). (Ds GDEL).Prononc. et Orth.: [
]. Homon. et homogr. trogne2. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1403 trognes plur. « choses sans valeur » (CHRISTINE DE PISAN, Le Livre de la Mutacion de Fortune, éd. S. Solente, 6093); 2. ca 1485 trongne « visage » (Mistere Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 43667); 3. 1624 « visage de ceux qui aiment trop le vin » (Le P. GARASSE, Doctr. cur., p. 769 ds LIVET Molière). Du gaul. trugna, supposé d'apr. le gall. truyn « nez » (DOTTIN, p. 294; FEW t. 13, 2, p. 332a). Bbg. BAR (F.). Tête armée, trogne armée. Fr. mod. 1962, t. 30, pp. 287-289. — RENSON 1962, pp. 475-479.
II.⇒TROGNE2, subst. fém.SYLVIC. Arbre de haie conduit en têtard dont les cultivateurs coupent les branches pour en retirer du bois de chauffage. Synon. têtard, trognard. La face creusée davantage, pareille à une trogne d'arbre (ZOLA, Terre, 1887, p. 291).Prononc.: []. Homon. et homogr. trogne1. Étymol. et Hist. 1842 (Ac. Compl.). Dér. régr. de trognon.
STAT. — Trogne1 et 2. Fréq. abs. littér.:64.1. trogne [tʀɔɲ] n. f.ÉTYM. 1458, trongne, var. troigne, 1580 trogne; v. 1400, Christine de Pisan, trongne « forme, apparence »; p.-ê. du gaulois trugna « groin, museau »; selon Guiraud, dérivation régressive de estrogner (→ Trognon), p.-ê. d'un roman extortionare, de tortionare, de torquere.❖♦ Familier.1 Vx. Visage.2 Mod. Visage grotesque ou plaisant, et, spécialt, figure rubiconde d'un gros mangeur, d'un buveur (cit. 1). || « Ces superbes ivrognes, toutes ces trognes de brutes débridées et empiffrées » (→ Mangeaille, cit. 4). || Trogne enluminée, rouge, rubiconde. — Avoir une drôle de trogne. || Sa tignasse, sa trogne de potard mal embouché (→ École, cit. 10).REM. Dans le célèbre passage de Pascal : « ces trognes armées… » (Pensées, 82, éd. Brunschvicg), on considère généralement le mot comme une mauvaise lecture pour « troupe ». (Cf. Tourneur et Anzieu, éd. des Pensées, t. I, p. 26, Bibliothèque de Cluny).1 (…) aucun détail de sa trogne enluminée par le soleil et par le vin n'est omis ou sacrifié.Th. Gautier, Voyage en Russie, XIV.2 Femmes aux pressureurs, aux laboureurs,éraflées et moulues,vidées d'elles-mêmes comme par les pics-verts,ne possédant plus rien de leur vie de jeunes filles,ayant couché avec le Valais ivrogneà la sainte trogne porcinesoufflant le foëhnqui est cigare et plain-chant.Maurice Chappaz, « le Valais au gosier de grive », in Littér. de langue franç., p. 609.————————2. trogne [tʀɔɲ] n. f.❖0 Il était toujours droit, résistant et noueux ainsi qu'un bâton d'épine, la face creusée davantage, pareille à une trogne d'arbre, sous l'emmêlement de ses cheveux déteints, couleur de terre.Zola, la Terre, IV, I.
Encyclopédie Universelle. 2012.